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Présentation

Pour le projet de reconstruction de l’église Saint-Louis de Brest détruite en 1944, le jeune évêque Fauvel, formé aux idées artistiques, refusa le style régionaliste et un concours fut organisé qui sélectionna le cabinet d’architecture brestois d’Yves Michel. Après plusieurs propositions du cabinet d’architecture et à la suite d’un voyage en Suisse pour y découvrir les églises nouvelles (suivant la recommandation de la revue l’Art Sacré), les responsables diocésains se décidèrent pour un plan architectural épuré, une nef ouverte, un bas-côté décalé, un clocher séparé, des chapelles latérales et surtout, une utilisation nouvelle de la lumière et des volumes.Le mur à l’est est ainsi formé de onze verrières de 15 mètres de haut (244 mètres carrés) demandées à Maurice Rocher quand celui de l’ouest, au motif des intempéries, est uniquement animé par les petites fenêtres hautes, colorées et non figuratives, de Jacques Bony. Le chœur confié à Paul Bony est lui coloré, en accord avec l’immense Calvaire du sculpteur Philippe Kaeppelin (4,50 mètres de haut), aux formes stylisées polychromées en or et vieux rose ; au pied du Christ, reprenant la tradition des calvaires bretons, se tiennent la Vierge et Saint Jean. L’utilisation de beaux matériaux (pierre dorée de Logonna-Daoulas pour les murs, marbre noir Saint Laurent pour le grand autel, cuivre doré pour celui de la chapelle, tapisserie de Jean Olin réalisée par les ateliers Plasne-Lecaisne) reprend l’exigence du Bauhaus qui

préconisait les formes rectilignes, les lumières asymétriques et l’artisanat de qualité. Le béton peu onéreux (recouvert de pierres dans la nef) fut un atout et permit ces structures autoportées, intéressantes du point de vue du dessin, soigné à l’extrême dans cette église. Les deux piliers imposent leur rectitude au chœur où domine l’idée de l’ascension vers Dieu, renforcée par une échappée dans le plafond, la lumière devant initialement se refléter sur une paroi de bois dorée. L’autel monumental face au peuple annonce les idées nouvelles du futur Vatican II ainsi que la nef ouverte, prévue pour 2000 fidèles. Les ouvertures verticales de Jacques Bony sur la façade intérieure répondent aux lignes horizontales d’un dessin architectural rigoureux. Au dehors, des piliers de cipolin vert devaient rompre l’austérité de la façade (ils ne furent pas posés faute de budget) tandis que la forme des portes évoque les sous-marins et leur couleur rouge, le sang. La symbolique renforce ici le dessin pour jouer sur l’imaginaire, l’iconographie stylisée appelle au rêve.Le père de Laborde, bénédictin spécialiste d’art sacré, recommanda les artistes Maurice Rocher, Paul et Jacques Bony, l’idée étant de leur donner carte blanche, la lumière faisant partie intégrante de l’architecture. Puis en 1961 intervinrent Jean-Pierre Le Bihan, Jean Olin et Léon Zack. Les artistes du premier groupe Ces artistes se connaissaient déjà et Maurice Rocher ne tenta ses verrières blanches qu’en tenant compte du mur coloré de Jacques Bony en face. Pour cet immense mur-vitrail, il hésita sur la taille et le nombre des personnages, se décidant finalement pour un seul personnage par verrière, centré et enrichi de taches de couleurs, disposées autour plutôt qu’à côté. « Cette dernière solution distrairait l’attention, ôterait au parti-pris sa rigueur et dilueraient les taches dans le videLe principe pourrait être : le registre des grandes baies très clair, presque incolore - l’architecture presque noir et blanc. Toutes les autres ouvertures étant au contraire très précieuses et très colorées par Bony.  Rechercher un graphisme de plomb fonctionnel c’est-à-dire solide. Rectangles recoupés mais le plus discret et élégant possible.» Adoptant le principe de Fernand Léger qui dissocie le dessin de la couleur, les rectangles de couleurs sont décalés des figures.

Les prophètes et saints représentés sont : Abraham, Moïse, David, Jean-Baptiste, Pierre, Jean, Paul, Pol de Léon, Corentin, Guénolé et Yves, les quatre derniers étant bretons. Il fallait un dessin fort pour tenir la route et les traits sont stylisés : mains et pieds longilignes, visages carrés, cheveux dressés, barbe raide de Moïse, harpe de David. La Commission d’Art Sacré exprima cependant ses doutes : On craint que votre parti de dépouillement en couleur ne soit trop poussé. (13 oct. 1956) Le blanc est blanc faible, rose neutre etc (notes de Maurice Rocher) et une résille au dessin subtil empêche toute monotonie. Souvent utilisée dans les églises en béton, la dalle  de verre fut ici écartée au profit du vitrail au plomb qui confère à l’église une ambiance plus chaude et plus raffinée, et tout aussi monumentale.L’église déplut aux brestois mais elle a depuis trouvé sa place dans le patrimoine breton et national et a obtenu en 2000 le label Patrimoine du XXème siècle, son intérêt résidant dans son originalité et sa hardiesse architecturales. Ses dimensions sont impressionnantes : longue de 95 mètres, large de 27 mètres, haute de 24,5 mètres - même si elle devait être plus haute de seize mètres. C’est l’église de la Reconstruction la plus grande de France. Le chantier commencé en 1955 fut achevé en 1957.

Nous remercions Yann Celton, Conservateur des Antiquités et Objets d'Art du Finistère, pour les informations très complètes qu'il nous a fournies sur Saint-Louis de Brest. 

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Pose des grandes verrières (archives Maurice Rocher)Image Modified

Liens

Blog de Jean-Yves Cordier

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Vues détaillées des verrières

 

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Vue d'ensemble des verrières

Vitraux

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Dessins et maquettes (Archives Maurice Rocher)

 

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Maquettes

 

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(Archives Maurice Rocher)

 

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