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Présentation

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L’église Saint-Pierre Saint-Paul de Sainteny (XIIIème siècle) a souffert des combats entre les troupes allemandes et la 83ème division d'infanterie US, la commune ayant été occupée et reprise cinq fois entre le 10 et le 21 juillet 1944. Le chœur, la partie haute de la nef et le clocher ont été détruits.

Les projets de reconstruction étaient supervisés au niveau national par le Ministère de l’Urbanisme et de la Reconstruction et l’Union Nationale des coopératives d’églises et édifices religieux sinistrés; localement par la Commission d’Art Sacré (dirigée par le chanoine Pinel), le curé et le maire. Celui-ci refusa deux projets dont l’un consistait à raser l’église et l’autre à construire une église moderne avec une mosaïque sur la façade. Il fut finalement décidé de reconstruire l’église à l’identique, sauf pour le chœur reconstruit en demi-cercle avec un ensemble de treize verrières en dalles de verre.

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C’est l’architecte en chef des Monuments Historiques Jean Magnan qui indiqua à l’architecte Jean Michalon, chargé de la reconstruction de l’église, le nom de Maurice Rocher pour les vitraux (Rocher était apprécié des architectes pour sa rigueur esthétique, son respect de l’architecture et ses qualités esthétiques); de même pour Jean Barillet, spécialisé dans la dalle de verre, qui fut retenu pour l'exécution des verrières. 

Lettre de Maurice Rocher à Jean Michalon le 21 août 1957 : «  Je suis comme vous persuadé que le chœur serait pour plusieurs raisons très souhaitable en dalle de verre, le reste de l’église pouvant très bien être en vitraux sous plombs. On distinguerait alors le transept très précis concernant des scènes ou personnages ; les bas-côtés, traités en vitreries abstraites très recherchées en graphisme et en taches ; enfin la haute nef très claire en carrés ou rectangles. » 

Mais Rocher revit son projet de figuration dans le transept, sans doute pour harmoniser l’église, établissant un plan de coloration global et choisissant lui-même ses tons chez le verrier. « Bas-côté, curé aimerait couleurs. Faire trois tons  dorés battus. Famille de tons  avec différence de valeurs. Haute nef : carrés plus petits et plus clairs. » « Haute nef rose blanc neutre mais pas mauve. Peut-être chercher pour basse nef étude d’ensemble des baies avec taches libres sur fond large. Taches précieuses. » (21 octobre 1958)

Le curé Yon proposa des figures précises pour le chœur (une croix byzantine dans l’axe) mais Rocher préféra des symboles. «  J’ai longuement réfléchi à vos lettres et aux indications que vous voulez bien me donner pour ces vitraux. Cela m’a été très précieux, je m’en suis inspiré pour l’ensemble et n’ai pris quelques liberté que là où les nécessités plastiques me semblaient l’exiger. Avant tout, réussir un ensemble qui serve l’architecture et garde son unité tout en créant une atmosphère religieuse, tels sont mes buts, vous le savez. » 

Les motifs stylisés des deux saints patrons de l’église, Saint Pierre et Saint Paul et de deux saints honorés localement, Orthaire et Vincent, figurent sur les verrières de part et d'autre de la verrière centrale consacrée aux symboles christiques (Couronne d'épines,Calice, etc.).

Notes de Maurice Rocher sur les verrières (de gauche à droite) consacrées aux quatre saints:

Saint-Orthaire : Crosse d’abbé, Mitre, Cordon monastique, Petite chapelle pour rappeler son culte

Saint-Pierre : Clés entrecroisées, Armes de Saint-Pierre, Pie XII, Tiare

Saint-Paul : Glaive, Épée, Livre (plume et encre), Armes de Mgr de Coutances

Saint-Vincent (diacre et martyr) : Étole de diacre, Palme de martyre, Gril et chaines

Les contrats pour les vitraux furent signés le 19 mai et le 20 novembre 1958. La superficie des vitraux était de 113 m pour l’église et de 62 pour le chœur. D'un budget total de 80 millions de francs, le chantier de reconstruction fut terminé en 1959.

Ni le chœur en demi-cercle, ni les motifs stylisés des verrières ne suscitèrent l’enthousiasme des habitants de Sainteny qui regrettaient l’ancien chœur carré. Lors de la Reconstruction normande, les diktats venus de Paris n’étaient pas toujours bien accueillis par une population déjà éprouvée par la guerre. Elle se réapproprie aujourd'hui son héritage grâce à des initiatives institutionnelles (par exemple l'exposition en 2011 du Conseil Général de la Manche sur la Reconstruction de la Manche et les Journées du Patrimoine) ou privées.

Verrrières centrales du choeur

 

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Symboles des verrières du chœur

 

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 Verrières nord de la nef       

   

 

Rosace de la facade ouest