Présentation
Les vitraux de l’Institution Notre-Dame de Sion à Strasbourg illustrent la façon dont Maurice Rocher sait trouver pour chaque architecture une solution appropriée. Ici la chapelle, en forme de coque renversée en béton, d’allure ingrate, nécessite d’être allégée : "proscrire les claustra en ciment et faire un ensemble de vitraux sous plomb" (correspondance du 25 février 1951). La dalle de verre est écartée au profit du vitrail au plomb, traité traditionnellement dans la verrière du fond de la nef : "je pense qu’il faut centrer l’intérêt artistique des vitraux sur les grandes baies du fond » ; de façon originale dans les baies des bas-côtés avec des rectangles de couleurs vives traversés de traits obliques - inhabituels chez Rocher – et ornés de petits symboles peints. Les couleurs sont gaies (il s’agit d un pensionnat) et le coût de réalisation est ainsi réduit. Dans la salle de réunion voisine, salle Saint-Jean, de larges baies rectangulaires emplies de carrés colorés apportent une chaude lumière. L’ensemble est enrichi de sculptures de Philippe Kaeppelin, recommandé par Rocher: Christ, autel, tabernacle et ambon. La maison Ott et Frères œuvre d abord (bas-côtés, 1951) et Rocher précise : " je tiens à faire la peinture moi-même. En général j’applique la grisaille sur des panneaux montés en plombs provisoires, je pense que dans le cas de ces symboles, je pourrais me contenter de peindre à plat, ce qui diminuerait votre prix de revient " ; puis c’est l’atelier Degusseau (verrière du fond, 1952). Des dons financent les travaux, la réalisation est longue (jusqu’en 1959).
Mademoiselle Batzner, membre du personnel du collège depuis 1946, rencontrée en 2010 par Fabienne Stahl (ancienne élève du collège et aujourd’hui attachée de conservation du patrimoine), rapporte ses conversations avec Maurice Rocher :
Pour Maurice Rocher, les couleurs sont la grammaire : Blanc = la vie ; Jaune = la gloire ; Vert = l’espérance ; Bleu = la paix ; Rouge = l’amour ; Brun = la terre / le péché.
C’est en ce sens qu’il a composé la grande verrière figurée. Chacune de ses lancettes se décompose en trois parties dans la hauteur : figure au centre / motif symbolique au registre supérieur (H) / saynète liée à la vie du personnage, au registre inférieur (B).
Au centre : la Vierge à l’Enfant / H : Temple de Jérusalem + inscription en latin / B : Vision d’Alphonse de Ratisbonne le 20 janvier 1842 (fondateur de l’ordre de Sion).
A gauche : Nouveau Testament (inscriptions en grec)
- Saint Paul / H : Saint-Pierre et Saint-Paul hors-les-murs à Rome + glaive de la vérité / B : Conversion sur la route de Damas
- Saint Jean (à gauche de Marie) / H : ses attributs classiques / B : Samaritaine. Inscription « JA » : Jean Auberger, donateur
A droite : Ancien Testament (inscriptions en hébreu)
- Moïse et la Loi / B : Veau d’or
- Ezéchiel (pour évoquer les Prophètes) / H : 1e vision de l’eau qui sort du temple / B : 2e vision : Cadavres des soldats
Auréoles carrées, pour évoquer la terre : ils sont saints, mais ils sont encore avec nous.
Les photographies de la chapelle et des vitraux présentées sur cette page ont été réalisées par Fabienne Stahl en 2010
La grande verrière
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Les baies des bas-côtés
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