Eglise Notre-Dame-de-Toutes-Aides, Nantes (44)

Présentation

Bombardée en mars 1944, l’église Notre-Dame-de-Toutes-Aides accueille en 1958 les vitraux de Maurice Rocher, un ensemble harmonieux qui anime une église sévère. Le chœur, avec ses nombreuses scènes peintes, ses vitraux totalement remplis et ses couleurs chatoyantes (sept personnages avec, au-dessus, leurs symboles : aigle, outils de menuisier...) se veut glorieux tandis que la nef, dont le maillage subtil de tonalité claire est parsemé de taches de couleurs, appelle à la paix. Le bas-côté droit comporte des verres de couleurs franches et des symboles peints à gros traits (ancre, rameau, église, nef, tiare) traités à la façon d’une dalle de verre, en grands aplats et dessin simple.  La chapelle de gauche retrace des scènes de la tradition locale (chute d’une échelle d’un révolutionnaire, marins offrant un ex-voto, couronnement de la bienfaitrice) dans des tons blancs, terre de sienne, vert et jaune proches de ceux de la nef. La couleur est décalée du dessin, le dessin vigoureux, les corps schématisés. Rocher peignait vite et sûrement (les témoignages l'attestent), à la grisaille, ces scènes chez son verrier Degusseau. Le motif du Saint-Esprit de la rosace de la façade est repris dans le baptistère ; il s’agit pour l’artiste de créer une harmonie tout en séparant les fonctions, glorieuse pour le chœur, mystérieuse pour le bas-côté, apaisante pour la nef, instructive dans la chapelle… Le style abstrait naît ici d'un impératif artistique.

Le devis était important (2 609 000 franc anciens), les premières esquisses au fusain montrent qu’il se documentait précisément. Le curé s’était interrogé : Je vous ai demandé pour la haute nef des verrières claires, lumineuses qui tamisent la lumière sans obscurcir la nef. Ne suis-je pas dans l’erreur ? Un fond de verrières trop clair ne nuirait-il pas à la beauté des verrières du chœur ?  (27 mai 1957); ou : Je viens de visiter les nouvelles églises de Saint-Nazaire et de Guérande où on vient de poser les verrières de Max Ingrand. Comme je me réjouis de posséder celles de ND de Toutes Aides ! J’apprécie réellement votre ensemble d’ombres et de couleurs et ce que je viens de voir ailleurs me laisse indifférent. Continuez dans la même ligne. Elles donnent une atmosphère à la fois de chaleur, de joie intérieure et de recueillement... C’est tout l’effet désiré et j’en suis heureux. (27 décembre 57).

Maurice Rocher travaillait en harmonie avec les clercs même si, ici, l’architecte aurait préféré Max Ingrand ! (le curé s’était écrié : Je ne veux pas de verrières au rabais !). La querelle de l’art sacré battait son plein, on prenait position pour ou contre le moderne... Mais Maurice Rocher montre qu’il sait allier le figuratif et l’abstrait et tirer le meilleur parti de la lumière, sans céder aux modes. On lui a parfois reproché son conservatisme. Cette église montre que ce n'était pas le cas, bon coloriste et bon dessinateur il savait manier les formes comme les images.

Lien

Voir ici la présentation détaillée des vitraux (texte et photos de Jean-François Dutar, source Notre-Dame de Toutes-Aides à Nantes, Chanoine Jean-Baptiste Russon, préface de Mgr Villepelet, évêque de Nantes, décembre 1961, 44 pages).