Eglise Notre-Dame, Cavigny (50)

Présentation

Notre-Dame de Cavigny est une église de la Reconstruction, l'ancienne église ayant été détruite par les Américains lors des combats de la libération (les Américains aperçurent depuis l'église voisine de Saint-Fromond les masques à gaz des allemands refugiés dans le clocher de Cavigny).

Les architectes Cochepain et Cailler construisent en 1960 une église en vaisseau au toit voûté où les verrières donnent une grande place à la lumière. Pour Maurice Rocher, c’est sa cinquième  église avec des vitraux en dalles de verre : il a achevé deux ans plus tôt ceux de  l’église de Bretteville-sur-Laize (Calvados) et va réaliser la même année ceux d’Hagondange (57). L’ensemble de Cavigny est structuré  par  une très grande verrière qui occupe toute la hauteur de la nef sur le coté droit du chœur et d’un bandeau de sept éléments qui prolonge cette verrière  en partie haute de toute la longueur de la nef.

Les motifs traditionnels chrétiens (alpha et oméga, aigle, nef, croix…) sont dessinés au milieu de chaque partie du bandeau de la nef et intégrés dans une composition globale. Les couleurs dominantes (rouge et vert) sont disposées de manière monumentale en grandes  aplats verticaux ou horizontaux, rythmés par un graphisme vigoureux, complétés par du bleu, jaune et blanc. La grande verrière du coté droit du chœur  a une composition centrée, à dominante rouge et jaune, avec une inscription et des symboles. La  partie basse de la nef à gauche et la chapelle latérale à droite s’ornent de petits vitraux carrés, de tonalité rouge et jaune à droite (contigües à la verrière), bleue et blanche à gauche, au joli graphisme et à la composition parfaite. Les vitraux entourant la porte d’entrée reprennent la tonalité bleue et blanche de la chapelle. Ainsi les couleurs chaudes éclairent et égaient le chœur et la nef tandis que la chapelle latérale et la porte d’entrée sont de tonalité froide. Maurice Rocher reprend là les recherches de Fernand Léger à Audincourt dix ans plus tôt mais il a privilégié le dessin et réalisé une coloration à la fois précieuse et monumentale, ce qui est sa marque de fabrique. Il avait conçu plusieurs autres projets, dont l’un davantage lyrique pour la grande verrière, avec des anges horizontaux sonnant de la trompette (motif repris d’une mosaïque réalisée à Bertrix, Belgique, en 1953) ; trois cartons, d’une jolie tonalité grise, ont aussi été écartés,  la Commission d’Art Sacré, la Coopérative de Reconstruction, le clergé ou l’architecte intervenant dans le choix final des maquettes.

Ces verrières en dalle de verre ont été réalisées par l'atelier Barillet. Certains verres sont maintenant détériorés et la municipalité de Cavigny a engagé un projet de restauration qui permettra conserver cet ensemble très pur, représentatif de l’architecture d’après-guerre en Normandie et de l’art de Maurice Rocher.